CHILI/Terre de Feu – L’avenue des glaciers

Publié le par voilierdune.over-blog.com

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Février 2013
La dépression est passée et nous sommes prêts à partir pour plus d’un mois de navigation dans les canaux en direction de Puerto Montt. Eric et Hervé décident de rallier au plus vite le fameux Seno Pia afin de profiter au maximum du glacier s’y jette dans la mer. Une navigation de nuit, le vent dans le nez et par 4°C, nous permettra de parcourir les 80 miles qui nous séparent de ce célèbre fjord.

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L’équipage prêt à affronter une nuit de navigation dans le canal de Beagle


Dès l’embranchement du bras nord-ouest du Beagle, les glaciers se succèdent les uns après les autres : le hollandais, l’italien, le français et enfin le romanche : c’est l’avenue des glaciers. A l’entrée du Seno Pia, nous croisons les premiers icebergs. La lente progression vers le fond du fjord nous permet d’admirer en détail ce spectaculaire glacier.

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Seno Pia, le glacier romanche se jetant dans la mer

Notre premier mouillage fuégien se fait sans problème : il s’agit de jeter l’ancre mais aussi de tirer deux cordages à terre afin de maintenir le bateau droit, les caletas étant souvent trop petites pour permettre au bateau de pivoter autour de son ancre, au gré des changements de vent.
A intervalle régulier, d’impressionnants grondements nous indiquent que des morceaux de glace détachent du glacier et tombent dans l’eau avec grand fracas. Nous sautons dans l’annexe pour parcourir les trois derniers kilomètres qui nous séparent du glacier. La vue est stupéfiante et le ciel gris ajoute à la majesté austère du paysage. Bien décidés à observer de près les chutes de glace, nous approchons le glacier par sa moraine latérale. Des craquements inquiétants se répètent à intervalle régulier: le glacier vit, bouge et gronde.

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Glacier romanche

En tentant d’approcher sa moraine frontale, nous manquons de nous enliser dans les sables mouvants qui défendent les abords du monstre de glace. C’est là que l’accident se produit : une inoffensive petite pente laisse Hervé muet de douleur. Son genou droit, accidenté il y a cinq ans, vient de lâcher ! Bloqué à mi-pente, il sue, blêmit et manque de tomber dans les pommes. Impossible de bouger, le genou est bloqué Dix minutes s’écoulent, l’état de choc se dissipe et nous nous organisons. Eric va chercher l’annexe et Hervé rampe afin de se rapprocher du rivage pour embarquer dans l’annexe. Il est déjà plus de huit heures du soir et il faut le rapatrier au plus vite. L’embarquement se fait à quatre pattes dans 50 cm d’eau. Trempés et gelés (surtout Eric), nous atteignons enfin Dune qui nous attend tranquillement au mouillage. C’est la consternation. Faut-il renter à Ushuaia pour soigner Hervé et renoncer une fois de plus aux canaux de Patagonie? Afin de conjurer le sort, nous ouvrons une bouteille de Pommery et dégustons le foie gras amené par Eric. Nous aviserons demain : si le genou a gonflé, nous rentrerons directement à Ushuaia, sinon il sera soigné comme il y a 5 ans : repos total et patience.

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Cormorans impériaux à la dérive

Le lendemain matin, le capitaine a toujours mal. Il ne peut, ni plier, ni poser le pied : aucun miracle ne s’est produit pendant la nuit. Toutefois, nous décidons de continuer le voyage, Eric et moi étant aptes à effectuer les manœuvres et les déplacements sur le bateau, Hervé restera à la barre et dispensera les instructions. Grâce à une pharmacie bien fournie et au livre de médecine en mer, nous lui posons un strapping qui remplacera l’atèle faisant défaut. La canne de hockey de Mélissa lui permettra de se déplacer facilement de la cabine au cockpit.
A midi, nous quittons le mouillage pour visiter le bras ouest du Seno Pia. Le décor est grandiose sous les rayons du soleil qui se mettent enfin de la partie.


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Dune dans le bras ouest du Seno Pia, à la confluence de trois glaciers

Publié dans février 2013

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